



































































































































































































Anatomie d’une famille française
“Je vais vous expliquer comment une famille, un petit groupe d’êtres, se comporte dans une société, en s’épanouissant pour donner naissance à dix, vingt individus, qui paraissent, au premier coup d’œil, profondément dissemblables, mais que l’analyse montre intimement liés les uns aux autres. L’hérédité a ses lois, comme la pesanteur.”
(Émile Zola - préface de “La fortune des Rougon”)
(English below)
Issue d’une famille pléthorique – 124 membres en ne comptant que ses grands-parents, parents, oncles, tantes, frère, sœurs, neveux et cousins germains -, la photographe Armelle Kergall s’est toujours interrogée sur l’invisible qui unit une lignée. Porter le même nom, partager les mêmes gènes suffit-il à créer un territoire commun ?
En 2005, l’artiste commence ainsi à faire le portrait de chaque membre de sa filiation à la manière d’une ethnologue, à la recherche d’une vérité cachée. Au fil des rencontres, elle reconstitue son arbre généalogique, écoute, observe et tente de saisir en un cliché l’essence de son sujet. Posant dans la pièce qui les définit le mieux– une chambre, un bureau, un salon, un cabinet... -, dans leurs vêtements habituels et entourés des objets qui les racontent, chacun se prête au jeu de l’investigation familiale. Des plus petits plongeant frénétiquement leurs mains dans une caisse à lego, aux plus âgés pris au saut du lit en train de siffloter un opéra ou confortablement assis face à l’objectif. En capturant une main levée, une tête penchée, le quotidien en arrière plan, Armelle Kergall fait apparaître la trame d’une vie.
Son projet artistique lui permet d’entrer en contact avec ses ascendants d’une manière inédite. Du coup, ils se mettent à leur tour à lui parler d’un grand-père disparu qui faisait lui aussi des portraits de famille. Un fait inhabituel pour l’époque qui conduit la photographe à retrouver ces vieilles images. Un choc apparaît alors : cet homme qu’elle n’a jamais connu s’est amusé à mettre son entourage en scène de la même manière qu’elle. Son enquête sur l’indicible prend alors un nouveau sens. Un écho lointain. Comme si elle s’était investie d’une mission dans la continuité de celle de son aïeul...
Fascinée par les sagas littéraires, les grandes dynasties ou les théories sur la psychogénéalogie, Armelle Kergall envisage “Anatomie d’un famille française” comme le projet d’une vie. Un projet en développement, perpétuellement enrichi de rencontres, découvertes et révélations.
Anatomy of a French Family
I wish to explain how a family, a small group of human beings, conducts itself in a given social system after blossoming forth and giving birth to ten or twenty members, who, though they may appear, at the first glance, profoundly dissimilar one from the other, are, as analysis demonstrates, most closely linked together from the point of view of affinity. Heredity, like gravity, has its laws.
(Émile Zola - préface de “La fortune des Rougon”)
Armelle Kergall’s ‘Anatomy of a French Family’ is a photographic art project. She staged each member of her family while re-creating her family tree, based on an investigation similar to what an anthropologist would do.
She has a large family: 124 members including only grandparents, parents, aunts, uncles, sisters, brother, nephews and first cousins. She has always felt strong ties and been attracted by a somehow invisible link of a family. Having appreciated the great French writer Zola who examined families over generations in his novels, she has also recently become fascinated by theories of “psycho-genealogy”, and these have been the main inspirations for how her project has developed until now and will progress far into future generations.
In 2005, the artist began to photograph each member of her family. She makes observations and captures the very essence of each character behind their daily life behavior in the places that best defined them - the bedroom, the office, the living room - shooting as if casting the family in a play shows us their hidden connections and narrates a saga.
One day she heard about a deceased grandfather who was also making family portraits. She realized that this man she never met enjoyed doing exactly the same thing as her. The encounter with his old pictures ensured her conviction that this art project must be her lifework, feeling as if her grandfather had asked her to complete his unfinished task. Armelle Kergall pursues her narrative of a “distant echo” and strong link with her ancestors over several generations of her family tree.